ACQUISITIONS DU MOIS DE JANVIER 2023

 

 

 LA BIBLIOTHÈQUE DES RÊVES SECRETS - Michiko AOYAMA

Femme imposante et énigmatique coincée entre le paravent et le bureau d’angle du coin Conseils d’une petite bibliothèque en plein coeur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir.

Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités… ils sont au croisement de leur vie. Et à chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu’ils croyaient être venus chercher.

Mais ce choix ne relève pas du hasard, car derrière cette lecture imprévue et surprenante se dessinent les premiers jalons d’un nouveau départ.

Un roman choral poétique qui célèbre le pouvoir des livres et l’importance qu’une personne attentive et à l’écoute peut avoir sur le destin de chacun d’entre nous. Michiko Aoyama est une journaliste japonaise.

Finaliste du Prix des libraires au Japon, La Bibliothèque des rêves secrets, son premier roman, s’est immédiatement hissé en tête des ventes avant de connaître un succès international.

 

  LA TREIZIÈME HEURE - Emmanuelle BAYAMACK-TAM

Farah, adolescente, a toujours connu L’Église de la Treizième Heure pour la bonne raison que Lenny, son père, en est le fondateur. Elle vit en communauté dans cette Église millénariste un peu spéciale : féministe, queer, animaliste. On y récite Nerval ou Rimbaud.

Lenny rassemble ses ouailles autour de messes poétiques et d’ateliers de déparasitage psychique. La Treizième Heure, c’est aussi l’heure de la révélation, du triomphe des pauvres, des dominés, des humiliés.

Les membres de la communauté l’espèrent, angoissés devant les menaces qui pèsent sur la planète : épidémies, guerres, réchauffement climatique… Lenny élève seul sa fille Farah. Hind, son grand amour, l’ayant abandonné à la naissance du bébé.

Le roman se divise en trois parties, racontées par chacun des membres de cette famille à la fois déglinguée et très contemporaine. Farah, née intersexuée, est acquise à la cause délirante de son père, et devient plus critique en grandissant : son père lui a menti sur sa filiation.

En menant l’enquête, elle comprend qu’elle n’avait pas une mère mais deux ! Hind et Sophie. Comment est-ce possible ? Lenny prend la parole ensuite. Il raconte deux coups de foudre successifs : la poésie d’abord, Hind ensuite. Mais on s’aperçoit que les deux ne font qu’une : Hind est une chimère, une illumination, une fée baudelairienne.

Lenny fondera l’Église de la Treizième Heure après le départ de son amour.

La troisième partie est donc celle de Hind. Femme trans d’origine algérienne, elle avoue l’histoire violente de son parcours pour gagner sa liberté sexuelle et individuelle. Elle a aimé Lenny et voulu un enfant de lui, mais quittera Lenny et Farah pour vivre une passion amoureuse vouée à l’échec.

La Treizième Heure est un roman millénariste ultra contemporain, inspiré par les bouleversements d’identité et de genre, et traversé par nos angoisses de fin du monde comme par notre espoir d’un ordre social plus juste.

 

  BEYROUTH-SUR-SEINE - Sabyl GHOUSSOUB

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents  ?

De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant  ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile  ? 

Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées  ?

Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles.

Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien  : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme «  Palestine  », «  organisation armée  », «  phalangistes  » sont prononcés dans les JT français.

Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp.

Le Liban, c’est la famille désormais. Incisif, poétique et porté par un humour plein d’émotions,  Beyrouth-sur-Seine  est une réflexion sur la famille, l’immigration et ce qui nous reste de nos origines.

 

  LES ABEILLES GRISES - Andreï KOURKOV

Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka.

Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit.

Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs.

Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie».

Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure.

Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert...

 

  ETEIGNEZ TOUT ET LA VIE S'ALLUME - Marc LEVY

" Elle avait entendu l'histoire de gens qui se sont rencontrés au bon et au mauvais moment, de ceux qui se sont aimés jusqu'au bout, de ceux qui ont aimé sans pouvoir le dire, de ceux qui pensent " au début j'ai tout raté " et puis ensuite... "

 

  PERFORMANCE - Simon LIBERATI

Victime d’un AVC, un romancier de 71 ans est en panne, tétanisé, incapable d’écrire une ligne. La commande d’une mini-série sur les Rolling Stones par des producteurs en vue est un miracle inespéré.

Il accepte sans hésiter, lui qui méprise les biopics, le milieu du cinéma et les inusables clichés sur les années pop. Voilà l’apprenti scénariste lancé dans un projet sur la première époque des Stones, entre l’arrestation de Keith Richards et Mick Jagger pour usage de stupéfiants, en 1967, et la mort stupéfiante de Brian Jones, en 1969.

Intitulée Satanic Majesties, la série montrera comment des voyous, compilateurs de musique afro-américaine, devinrent en l’espace de deux ans les stars androgynes que l’on sait.

Apaisé, le septuagénaire peut poursuivre la passion scandaleuse qu’il partage avec Esther, sa ravissante belle-fille de 23 ans. Mais tous deux le savent, leur amour sera éphémère. Il ne durera que ce que durera chez elle la beauté du diable, tandis que ses forces à lui déclinent tout aussi diaboliquement. D’où la coloration sombre et émouvante de leur histoire  ; d’où la souffrance que leur cause la moindre séparation.

L’écrivain de nouveau inspiré se prend au jeu de Satanic majesties. Par la grâce d’Esther, il renoue avec une part d’innocence et fait ressurgir Marianne Faithfull, Anita Pallenberg ou Brian Jones de l’abîme du temps.

Et si l’innocence de l’homme s’enfuit avec les années, l’exceptionnel brio de ce roman prouve si besoin était le souffle éblouissant de Simon Liberati.

Parfois burlesque, souvent bouleversante, addictive, effrénée, la plus belle aventure d’un écrivain saisissant au vol les dernières bribes que la vie lui accorde.

 

  TENIR SA LANGUE - Polina PANASSENKO

"Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. "

Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change. 

A son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école.

Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom. 

Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays.

D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celles des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina.

De l'autre, la France, celle de la maternelchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.Drôle, tendre, frondeur, "Tenir sa langue" révèle une voix hors du commun.